Roman

« Un Noël à Caméline » d’Aurélie Haderlé

Si vous aimez les traditions provençales de Noël, ce roman est fait pour vous !

A quelques semaines de Noël, Naïs est débordée : entre sa propriété à entretenir, sa petite entreprise, les malheurs de ses amis, et l’organisation du marché de Noël, elle n’a guère le temps de penser à elle. S’occuper ainsi l’esprit, c’est aussi un moyen de ne pas penser à Gabriel, son amour de jeunesse, dont elle n’a pas de nouvelles depuis cinq ans…jusqu’au jour où il revient au village…

Porté par le personnage de Naïs, une femme qui s’est reconstruite après plusieurs drames, ce roman immerge le lecteur dans une petite communauté d’amis et de voisins. Chacun a ses problèmes (divorce, maladie, parcours professionnel…) mais ensemble ils avancent. Malgré les coups durs, ce roman plein de bons sentiments met du baume au coeur et montre que les voies de la reconstruction sont multiples.

Ce roman fait suite à « Un été à Caméline », mais nul besoin d’avoir lu le précédent tome pour se plonger dans celui-ci.

Allumez vos bougies, sortez le plaid, mettez l’eau du thé à chauffer : vous êtes prêts pour ce roman.

Presses de la cité, 320 pages, 19€ (service de presse)

Roman

« Tes pas dans l’escalier », d’Antonio Munoz Molina


Ce roman est d’abord une ambiance. Celle d’un appartement à Lisbonne, où s’installe un homme en attendant que sa compagne le rejoigne. Ils ont quitté New York et c’est une nouvelle vie qui s’ouvre à eux. Elle est chercheuse dans un laboratoire ; il a décidé d’arrêter de travailler après avoir été renvoyé de son entreprise. En attendant que la femme arrive, l’homme prépare le quotidien, fait faire quelques menus travaux, s’imprègne du quartier.

Il y a quelque chose d’assez solaire dans le début du récit, j’imaginais facilement ce cocon en préparation à Lisbonne. Et puis il y a cet homme, amoureux, qui prépare un nid douillet pour sa femme. Mais très vite j’ai ressenti aussi un certain malaise, quelque chose qui me gênait dans le récit, et je me suis mise à envisager plein de scenarii. Ai-je trop d’imagination ? Ce récit va-t-il au-delà de l’emménagement de ce couple ? C’est tout l’intérêt du roman que de rester dans ce flou qui ouvre les possibilités de l’imaginaire.

Peu importe l’épilogue, finalement. Le texte est bien écrit, plein de douceur, d’une langueur qui est celle d’un quotidien paisible et dans lequel on ne s’ennuie pas.

Seuil, 256 pages, 15,99€

Roman

« Les ombres du monde » de Michel Bussi

Je prétends souvent que je pourrais reconnaître le style de Michel Bussi même sans avoir lu son nom sur la couverture. Pour « Les ombres du monde », j’aurais peut-être eu plus de mal. Certes la structure est familière (plusieurs narrateurs, des allers-retours dans le temps, ici entre 1990 et 2028). Mais la thématique sort de ses sujets habituels, et l’auteur franchit une étape dans son œuvre avec ce roman historique autour du génocide rwandais.

1990. Espérance, une jeune Rwandaise, s’éprend d’un militaire français. De leur amour naît une fille, Aline. Plus de trente ans plus tard, Aline, désormais maman, retourne pour la première fois au Rwanda, avec son père et sa fille adolescente. Mais si elle pensait découvrir avec sa fille la terre de leurs ancêtres, elles vont surtout se retrouver confrontées aux horreurs du passé, et à des secrets qu’elles n’imaginaient pas.

Les origines du conflit et le rôle de la France sont largement détaillés et documentés (dommage qu’il n’y ait pas quelques références citées en fin de livre).

Il faut attendre le dernier tiers du roman pour avoir quelques rebondissements et retrouver ce que l’auteur a l’habitude de faire vivre à ses lecteurs (ses fameux « twists », même si ici ils sont moins surprenants que dans d’autres romans de l’auteur).

Nul doute que ce roman marque un tournant dans les romans de l’auteur, mais j’ai été un peu déstabilisée par ce parti pris – pourtant très bien traité.

Presses de la cité, 576 pages, 23,90€

Roman

« Thief Liar Lady » de D.L. Soria

Et si Cendrillon n’était pas celle que l’on croit ? Et si la douce et innocente princesse était en réalité une usurpatrice ayant usé de magie pour séduire un prince et assouvir des desseins politiques ?

C’est ce que propose cette version intelligemment revisitée du conte que tout le monde connaît. On est très loin de l’histoire originelle (celle de Perrault déjà, sans parler de celle de Disney). Certes, il y a bien une diabolique belle-mère et deux demi-sœurs calculatrices, mais oubliez les citrouilles et les souris transformées en valets de pied. Ici la magie s’opère avec du lustre, une puissante poudre capable d’agir sur les pensées et les sentiments. Lady Aislinn, la Cendrillon du roman, en a fait son arme de prédilection.

Le parti pris est malin, jouant avec quelques codes du conte populaire, mais en s’en éloignant beaucoup et en faisant de la nouvelle Cendrillon une héroïne moderne et puissante. On est à la fois en terrain connu tout en étant surpris de voir l’histoire avancer dans une direction nouvelle.

Je ne peux pas parler du fond du livre sans en évoquer aussi la forme, cette jolie couverture aux accents gothiques et ce jaspage de toute beauté, qui auraient à eux seuls suffi à me convaincre d’acheter ce livre.

404 éditions, 576 pages, 20,95€

Roman

« Le mal joli » d’Emma Becker

C’est un post sur les réseaux sociaux qui m’a fait découvrir les écrits d’Emma Becker. Je ne sais plus précisément de quoi il était question – de mémoire cela parlait de la façon dont les parents racontent leur vie à leurs enfants.

J’ai regardé sa bibliographie, j’ai compris que ses écrits ne seraient pas simples à appréhender. J’ai décidé de ne pas lire le livre où elle raconte ses années de prostitution, mais d’aller vers un autre récit (celui-ci, donc). Je m’attendais à du cru, à du trash même. Mais il me semblait avoir entraperçu dans son interview qu’il pouvait aussi y avoir du littéraire derrière. On peut raconter tellement de choses avec les bons mots.

Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps : je ne suis pas allée au bout de cette lecture.

L’histoire, sans être originale, méritait pourtant d’être lue : une histoire d’amour, au fil des saisons, entre deux écrivains qui ne sont pas libres dans leur quotidien mais qui s’accordent ensemble des espaces de liberté, et qui vivent une relation passionnelle. Consciente que leur histoire ne durera pas, la femme veut en garder une trace, en écrivant le récit de ce qu’ils vivent. C’est louable, non ? Cela peut même être romantique. Mais à la lecture, j’ai été gênée par tant d’impudeur. Le récit est si direct, les anecdotes si explicites. J’avais une désagréable impression de voyeurisme en lisant des mots qui n’auraient pas dû quitter la sphère intime des deux amants (malgré le nom d’emprunt du personnage masculin, il faut 10 secondes pour identifier sur internet de qui il s’agit).

J’ai trouvé cela d’autant plus dommage qu’entre deux longues parties impudiques, il y a quelques fulgurances de pensées plutôt bien exprimées. D’ailleurs, dans l’un de ses messages, l’homme lui écrit : « Parvenir à mettre en mots l’informulable, le non dit, l’allusif, c’est rare et fort ». Malheureusement je n’ai pas retrouvé ces passages assez souvent dans les 109 premières pages pour avoir envie d’aller plus loin.

Albin Michel, 416 pages, 21,90€

BD

« It’s lonely at the centre of the earth » de Zoe Thorogood

Depuis l’enfance, Zoe est dépressive. Suicidaire, même. Elle se déprécie sans cesse. Elle a du mal avec les relations humaines.

Mais de tout cela, Zoe décide de faire un livre. Roman graphique, entre le comics et l’autobiographie, le résultat est un OVNI.


Zoe Thorogood joue avec les styles, alterne couleur et noir & blanc. On trouve même une photo en double page. Ses personnages ont des têtes d’animaux, elle-même arbore parfois un masque à la place de son visage. Sa dépression est personnifiée par un grand personnage sombre et sournois.


Le pitch m’avait séduite (à savoir : comment une artiste transforme son mal être en art). J’ai suivi aussi le conseil d’une bibliothécaire aux goûts très sûrs. Pourtant je n’ai pas réussi à accrocher, perdue dans une œuvre un peu trop décousue pour moi.

Hi Comics, 203 pages, 27,95€

Roman

« Avale » de Séphora Pondi


Parfois, mon enthousiasme pour découvrir de nouveaux livres me fait tenter ma chance pour participer à des concours ou être sélectionnée pour chroniquer un livre. Et parfois (rarement) lorsque je reçois un livre, je me demande « pourquoi » et si je vais vraiment l’aimer. C’est ce qui s’est passé avec « Avale ». J’avais repéré cette couverture atypique depuis plusieurs jours. J’ai candidaté pour le recevoir. Puis en relisant le résumé, je me suis demandé si cela n’allait pas être trop gore pour moi… il y avait des allusions à du cannibalisme, me semblait-il…

Si le résumé vous donne cette impression, et sans trop vous en dire, soyez rassurés. Ce roman est avant tout l’histoire de deux jeunes, une actrice en devenir et un gamin intelligent mais paumé. Alors qu’elle fait tout pour exister, lui sombre de plus en plus. Ils ne se connaissent pas, auraient pu ne jamais se croiser. Mais il s’intéresse à elle… jusqu’à la harceler.

Ce qui m’a le plus surprise dans ce texte, c’est l’écriture. Juste. Forte. Rythmée. Séphora Pondi, sociétaire à la Comédie française, signe ici un premier roman à l’écriture prometteuse. Je n’ai pas complètement été embarquée dans l’histoire, mais j’ai hâte de retrouver son écriture au service d’un autre sujet.

Grasset, 224 pages, 20€

Roman

« Tourist season » de Brynne Weaver

Ce livre m’a fait vivre… une expérience.

Je n’avais jamais lu de « dark rom com » (comprenez : de comédie romantique noire) et j’ai découvert tout un univers ! J’étais très fière de gagner ce livre dans le cadre d’une joute de traduction organisée par l’éditeur ; et donc j’étais très impatiente de lire mon cadeau.

L’histoire se déroule à Cape Carnage, petite ville touristique que Harper se fait un devoir de « nettoyer » des touristes qui y commettent des méfaits. Et pour cela, Harper a une méthode disons… très personnelle… et un broyeur fort utile pour réduire en charpie les encombrants cadavres (charpie qui, pour être précise, finit en nourriture pour son corbeau – je vous assure que je ne regarderai plus jamais les corbeaux de la même manière).

Quand Nolan débarque à Cape Carnage, Harper ignore qu’il est là pour se venger d’elle.

Mais ces deux là vont rapidement tomber amoureux. Entre désir violent et passion commune pour la chair fraîche, on peut dire que c’est un couple atypique – et le contraste entre leurs activités macabres et la description que Nolan fait de Harper en la qualifiant « d’ange » est pour le moins déroutant !

Comme toutes les précautions sont prises pour avertir le lecteur avant qu’il n’entame le premier chapitre, je n’ai pas été surprise de lire des passages très gores – heureusement, car l’auteure va quand même très loin ! J’ai oscillé entre dégoût amusé et curiosité de savoir comment tout cela finirait. Si ce roman est annoncé comme le premier tome d’une trilogie, il y a bien une « vraie » fin qui clôture l’intrigue (car oui, il y a une histoire entre les passages de broyages).

Seuil, coll. Verso, 432 pages, 19,90€

Cosy mystery·Roman

« Les enquêtes d’Hannah Swensen (tome 14) – Meurtres et roulés à la cannelle » de Joanne Fluke


Des roulés à la cannelle, une recette parfaite pour l’automne, n’est-ce pas ? Alors nous ferons abstraction du fait que l’histoire se déroule en avril. De toute façon, dans Minnesota, le printemps n’est guère ensoleillé, et la route reste glissante… ce qui provoque l’accident de bus qui transportait un groupe de musiciens en route pour Lake Eden, la petite ville où habite Hannah (la pâtissière héroïne de cette série de cosy mysteries). Sauf que les analyses montrent que le chauffeur était mort avant l’accident, et qu’un autre blessé meurt également à l’hôpital.

Hannah, la première arrivée sur les lieux de l’accident, se lance dans l’enquête. Mais elle a d’autres soucis en tête : souvenez-vous, le précédent tome s’achevait par l’annonce du mariage de Norman (l’un de ses prétendants) avec le Dr Bev.

L’enquête est parfois un peu brouillonne, et une partie du dénouement est facile à deviner. Mais j’ai retrouvé Hannah avec plaisir, comme toujours. Elle enquête désormais avec ses sœurs et sa mère, dans un quatuor familial plus uni que jamais. Il y a aussi beaucoup de recettes, assez variées, qui pourront inspirer les plus gourmands (je passe mon tour pour les cookies au son, cependant!). Un tome assez classique finalement, qui rassurera les fans de la saga.

Le Cherche Midi, 416 pages, 15,90€

Policier·Roman

« La vie n’est pas un roman de Susan Cooper » de Stéphane Carlier

La couverture était très jolie, et parfois ce détail suffit à me donner envie d’ouvrir un livre. Dans le cas de ce roman, c’est aussi la lecture de « Clara lit Proust » qui m’a orientée vers un autre roman du même auteur.

Susan Cooper est une romancière à succès. Ses polars se vendent bien, elle est accueillie à bras ouverts dans les salons littéraires. Un jour elle est contactée sur les réseaux sociaux par une jeune femme qui a tué un homme et lui demande son aide – au titre de son expertise littéraire en matière de criminalité.

Le point de départ est original et ouvre de nombreuses voies pour l’intrigue. Susan va alterner entre refus et envie d’aider la femme qui l’a appelée au secours. A partir de là, tout est possible ! J’ai imaginé que Susan, forte de ses échanges avec la police, aurait plein de suggestions à faire, mais ce filon (pourtant source rocambolesque) est assez peu exploité.

Au final, après un début prometteur, je me suis ennuyée dans la seconde moitié du livre. L’histoire traîne en longueur. La fin part un peu en vrille et je l’ai trouvée décevante. Dommage !

Le Cherche Midi, 304 pages, 20€ (existe aussi en format poche chez Pocket)