Roman

« Mon mari » de Maud Ventura

mariElle habite une jolie maison, est mariée, mère de deux enfants. Après quinze ans de mariage, elle est toujours amoureuse de son mari. Mais c’est un amour maladif, jaloux, possessif, excessif.

Au quotidien, elle note dans des carnets sa vie amoureuse : ce qui s’est passé dans la journée, ses stratagèmes tordus pour entretenir la flamme.

Ecrit à la première personne, le roman nous fait vivre de l’intérieur les pensées de cette femme dérangée, qui cache ses angoisses sous une apparente normalité. Jusqu’où ira sa peur de perdre l’amour de son mari ?

L’ambiance du livre est proche du thriller psychologique, avec une tension qui monte crescendo, jusqu’à l’épilogue particulièrement réussi.

Troublant et redoutablement efficace, le roman lève le voile sur les coulisses de la jalousie et de la folie amoureuse. C’est le premier roman de Maud Ventura, et je suis curieux de retrouver le style de cette auteure sur une autre thématique.

S 3-3L’iconoclaste, collection Proche, 8,50€

Roman

« Demain, et demain, et demain » de Gabrielle Zevin

9782265155602ORICoup de cœur !

« Demain, et demain, et demain » est un roman qui ne ressemble à rien de ce que j’avais lu jusqu’ici. Il mêle amitié, quête de soi, jeux vidéo, mais aussi un mélange bien dosé d’ambition et de destruction. La grande réussite de ce livre est de m’avoir happée dès les premières pages, avec les retrouvailles fortuites de Sally et Sam dans le métro. Ils ne se sont pas vus depuis des années, pourtant ils ont partagé des heures et des heures dans la salle de jeux d’un hôpital.

Devenus étudiants, ils décident de réunir leurs talents pour créer ensemble un jeu vidéo.

Je ne suis pas joueuse et ne connaît pas grand-chose aux jeux vidéo, et pourtant j’ai adoré suivre ce duo atypique dans son projet, avec leur fantastique créativité et avec les doutes qui l’accompagnent.

Impossible de lâcher ce livre avant la fin ! Car finalement, derrière l’histoire de la création de jeux, c’est l’histoire entremêlée de deux êtres différents mais complémentaires, qui ne savent pas vivre ensemble mais ne savent pas non plus vivre l’un sans l’autre. C’est dérangeant, étonnant, captivant : le meilleur livre que j’ai lu depuis longtemps.

S 3-3Fleuve éditions, 528 pages, 22,90€

Roman

« Vidocq et l’énigme du temple» de Louis Bayard

9782749176376ORIJ’avais quelques hésitations avant d’entamer ce livre, car je n’avais pas gardé un excellent souvenir du premier roman que j’avais lu de cet auteur (« Un œil bleu pâle »). Mais celui-ci n’a rien à voir ! Dès les premières pages, j’ai trouvé l’histoire intéressante, mêlant récit historique et roman, et j’ai eu envie de voir comment l’auteur allait faire progresser son récit.

Ce roman est bien plus réussi que le premier, plus clair, plus dynamique : les chapitres sont courts et rythmés, l’écriture est fluide. Il y a une fois encore deux personnages principaux, qui se complètent : d’un côté Vidocq, un « monstre », puissant, géant ; de l’autre côté le Dr Carpentier, timide, un peu maladroit, mais homme réfléchi et loyal. Leurs chemins se croisent autour d’un mystère : celui du fils de Louis XVI, le petit Dauphin qui a suscité bien des interrogations et autour duquel les romanciers ont plaisir à inventer des récits tant son histoire offre une large palette romanesque.

Ce roman est une bonne surprise, une lecture prenante à laquelle je ne m’attendais pas, mais que j’ai appréciée jusqu’à la fin.

S 3-3Le Cherche Midi, 496 pages, 19,95€

Cosy mystery·Policier·Roman

« Les enquêtes de Roderick Alleyn (tome 1) : Le jeu de l’assassin » de Ngaio Marsh

9791039200189ORIJ’avais noté ce titre depuis longtemps… Un roman (vraiment) dans le style d’Agatha Christie, ça ne pouvait que me plaire !

Et, au passage, je commence une de mes bonnes résolutions de l’année (oui, il n’est jamais trop tard !) qui était de lire un peu plus en version numérique.

Sir Hubert a réuni quelques invités pour le week-end. Ils vont participer à une « murder party » (ou « jeu de l’assassin »). L’un d’eux sera désigné secrètement comme le meurtrier, et devra organiser un faux meurtre. Les autres participants devront ensuite enquêter et le démasquer.

Sauf que, vous l’avez compris, le « faux » meurtre » se transforme en « vrai » meurtre, et là il n’est plus question de jouer. Scotland yard est appelé sur place, et l’inspecteur Alleyn va mener son enquête, secondé efficacement par Nigel, le cousin de la victime.

On est vraiment dans une ambiance digne d’Agatha Christie, avec huis-clos à la campagne, groupe réuni pour quelques jours, un inspecteur qui arrive etc. L’auteure, Ngaio Marsh, a publié ce roman en 1932 – on est à la même époque qu’Agatha. Et il y a 32 romans dans la série, ce qui me laisse encore quelques belles heures de lecture !

L’inspecteur Alleyn, qui est le héros de la série, est un inspecteur discret, un peu prétentieux mais sans réel signe distinctif. A tel point que j’ai cru pendant une bonne partie du roman que le personnage récurrent était Nigel !

A suivre…

S 3-3ArchiPoche, 260 pages, 10,99€ en version numérique

Roman

« Tempête sur la Villa aux étoffes (tome 5) » de Anne Jacobs

9782264082053ORIIl s’est passé un peu de temps entre ma lecture du tome 4 et celle de ce tome. Alors je craignais d’avoir un peu de mal à revenir dans l’histoire, à me souvenir de tous les personnages etc.

Finalement, j’ai adoré ce tome autant que les précédents !

La « tempête » dont il est question est celle de la Seconde Guerre mondiale. Ce tome se déroule en 1936, et déjà les lois anti-juives se multiplient, menaçant Marie qui a des origines juives, et faisant du même coup trembler toute l’usine, avec un risque de commandes en baisse, et donc de licenciement pour de nombreux ouvriers. Paul Melzer, directeur de l’usine familiale et époux de Marie, soutient coûte que coûte son épouse. Alors c’est Marie elle-même qui va devoir prendre une terrible décision…

Dès les premières pages, j’ai retrouvé l’ambiance de la famille Melzer, leurs réunions de famille autour de la table, etc. Les enfants, Dodo, Léo, Henni, ont grandi et, contrairement à mes craintes dans un précédent tome, leurs aventures aussi sont intéressantes à suivre. Dodo se rêve pilote et fait tout pour y arriver ; Léo continue de composer de la musique, avec plus ou moins de réussite ; et Henni seconde efficacement son oncle Paul à l’usine, avec un mélange de malice et pragmatisme. Chaque personnage a son caractère propre et, c’est important de le souligner, malgré le grand nombre de personnages (la famille, les domestiques, les travailleurs ou partenaires de l’usine…), on ne confond jamais les personnages. C’est vraiment bien fait (j’ai pensé pour cela à Ken Follett qui sait très bien gérer la multitude de personnages sans perdre son lecteur).

Les femmes ont toujours la part belle dans le récit, Marie bien sûr, mais aussi Kitty qui continue à apporter beaucoup de fraîcheur et un peu de légèreté au milieu d’une histoire qui s’assombrit inexorablement ; ou encore Tilly, plus présente que dans les autres tomes.

J’ai été un peu surprise par les choix de Marie, un peu précipités pour un personnage qui est toujours tempéré et réfléchi, comme si l’auteure avait voulu accélérer certains passages. Cela m’a fait une impression bizarre à la lecture. Mais comme toujours, il se passe tellement d’événements dans un seul tome que tout cela est vite balayé, et l’histoire reprend son cours…

Maintenant j’attends avec impatience la sortie en poche du sixième (et dernier !) tome, mais je sais qu’il me faudra être patiente car il vient tout juste de sortir en grand format.

S 3-3Ed. 10/18, 648 pages, 10,10€

Roman

« L’Or et le Sel » de Pascale Pujol

PujolLOr-1erPlatWebAttention, coup de cœur !

Après le décès de la matriarche, une famille se résout à vendre la demeure familiale, ce « château » trop grand et trop vieux auquel plus personne ne s’intéresse. Pourtant, au moment de vider les lieux avant l’installation du nouveau propriétaire, les souvenirs remontent, et les regrets aussi.

Au moment de faire les adieux à cette bâtisse, la petite-fille, la belle-fille, la femme de ménage, et même la notaire, ont toutes quelque chose à dire sur ce lieu. Le regret de n’être pas assez venue, d’avoir toujours refusé d’emporter quelques meubles pour soi, le ménage de printemps, le mystère d’un puits que l’on dit à sec… c’est fou tout ce qu’on peut garder en soi d’une maison.

L’écriture est incroyable de justesse et de précision, un mélange de douceur nostalgique et de colère de voir cette maison cédée à un business man. L’auteure a choisi de n’écrire que des témoignages féminins, ce qui crée un fil rouge entre les chapitres. C’est un très beau texte sur le souvenir, sur la puissance des lieux, et finalement sur les liens familiaux. Tout le livre est magnifique, jusqu’au dernier chapitre, poétique et puissant, qui vous donnera la clé du titre.

À lire absolument !

S 3-3Le Dilettante, 160 pages, 16€

Roman

« Le bonheur en Provence » de Peter Mayle

bonheur provenceCe n’est pas parce qu’une idée originale est bonne, voire très bonne, qu’il faut l’essorer jusqu’au bout. Troisième tome de la série provençale débutée avec « Une année en Provence », et poursuivie avec « Provence toujours », on voit bien que l’auteur est arrivé au bout du concept.

Je n’ai pas ri une seule fois dans ce tome, et j’ai même trouvé pénible l’enchaînement de clichés. Les bonnes trouvailles sont de plus en plus rares au fil des tomes.

La seule bonne idée reste de pouvoir piocher dans les courts chapitres, consacrés chacun à un sujet ou une anecdote : Marseille, le foie gras, Pagnol (le pauvre, il ne lui est pas rendu hommage ici).

Je n’ai pas réussi à finir ce livre, pressée de passer à autre chose.

S 1-3Points, 264 pages, 16,90€

Roman

« Provence toujours » de Peter Mayle

Provence-toujoursBien des années après l’avoir lu, je me souviens encore avoir bien ri en lisant « Une année en Provence ». L’auteur, anglais, racontait son installation dans le Lubéron, sa découverte des us et coutumes français, ses déboires avec les entrepreneurs du coin. C’était vraiment très drôle, parce qu’on pouvait, sous les clichés, reconnaître des situations tout à fait vraisemblables – racontées avec plein d’humour et de détachement.

Dans « Provence toujours », l’auteur est maintenant bien installé en Provence. Il n’a donc plus le regard neuf des débuts, mais il continue à raconter les traditions provençales : les truffes, le pastis, le code de la route, tout y passe… mais en moins drôle et moins percutant que dans le premier tome.

Les chapitres peuvent se lire indépendamment les uns des autres, car chacun parle d’une anecdote ou d’un thème en particulier. C’est plus long et moins amusant que le premier tome, même si quelques chapitres font encore sourire : la recherche d’un trésor dans le jardin, la recherche d’un bien immobilier dans les secteurs les plus prisés, ou encore le dernier chapitre sur les bizarreries de la langue française. Dans ces chapitres-là, on retrouve tout l’humour « british » qui a fait le succès du premier roman.

S 2-3Points, 240 pages, 7,90€

Biographie·Roman

« Victor Hugo vient de mourir » de Judith Perrignon

9782266273367ORISi les obsèques de célébrités sont aujourd’hui largement couvertes médiatiquement, il ne faut pas oublier que les adieux aux grandes personnalités ont toujours existé. Ainsi, lorsque Victor Hugo est sur le point de rendre son dernier souffle, c’est le Tout-Paris qui s’agite sous ses fenêtres. Journalistes, lecteurs, et même ses détracteurs, ne peuvent ignorer ce moment qui vient mettre un terme à une vie riche en œuvres et en engagements.

Si le livre est un roman, il fait vivre au lecteur les dernières heures de Victor Hugo, puis sa mort, presque comme un récit d’archive – j’imagine d’ailleurs le gros travail de documentation qui a dû être réalisé. Quel sera le dernier hommage rendu ? En faire trop, ce serait cautionner des engagements qui ne plaisaient pas à tout le monde ; enterrer ce grand homme dans la discrétion ferait courir le risque d’une révolte de la population. C’est finalement au Panthéon que Victor Hugo sera inhumé, lors de funérailles nationales.

Le format est assez court, ce qui est plutôt bien vu – je n’aurais pas imaginé 300 pages sur le sujet, quand même.

Merci à Yves du blog lyvres.fr qui est toujours de bon conseil, et dont la chronique m’a donné envie de découvrir ce texte.

S 3-3Pocket, 168 pages, 6,40€

C'est mercredi, on lit avec les petits !·Roman

« Broadway Limited (tome 3) : Un thé avec Grace Kelly » de Malika Ferdjoukh

couvferdjoukhbroadwaylimited3_cmjnCette série dont j’achève le troisième et dernier tome est une série jeunesse de très grande qualité ; et croyez-moi elle se lit très bien quand on est adulte !

Le troisième tome est dans la continuité des deux premiers : on y retrouve avec grand plaisir le groupe de jeunes filles qui habitent la pension Giboulée, à New-York dans l’après-guerre.

Elles sont danseuse, mannequin ou actrice, et elles ont des rêves plein la tête. Il y aussi un jeune homme, Jocelyn, un Français qui était le point de départ du premier tome mais qui est beaucoup moins présent dans celui-ci. J’ai retrouvé tout le plaisir de lecture du début, à suivre ces tourbillonnantes jeunes filles, enthousiastes, parfois sérieuses, parfois légères, qui se chamaillent pour la salle de bains, courent les castings, se réjouissent des réussites des unes et des autres. Elles pensent aussi aux garçons, avec toute la fraîcheur de leurs dix-sept ans. Le tout se joue dans un New-York artistique de carte postale, mais où ni le maccarthysme ni la ségrégation Noirs / Blancs ne sont occultés.

Je ne sais pas conseiller l’âge à partir duquel cette série peut être lue : car si les histoires des jeunes filles sont faciles à lire, il y a beaucoup de références artistiques ou de société qui risquent d’échapper aux plus jeunes – et ce serait dommage de ne pas reconnaître Ginger Rogers, Grace Kelly, Fred Astaire ou Woody Allen parmi les personnages secondaires.

S 3-3L’Ecole des loisirs, collection M+ poche, 644 pages, 11€