BD

« Aparthotel Deluxe » de Edo Brenes

9782849534731_20496_R400Dans une ville du Costa Rica, les destins se croisent. Il y a un homme qui vide l’appartement de son père décédé ; et quelques jours avant, des voisins qui se sont croisés sur le palier, inquiets d’entendre la douche couler depuis des heures.

Mélancolie et réflexions sur la vie et l’âme humaine sont au coeur de cette BD. Les personnages, très différents les uns des autres, partagent avec le lecteur une tranche de vie, le temps d’une soirée propice aux rencontres, aux pensées nostalgiques, aux projets et aux déceptions. On ne sait jamais ce qui se passe derrière la porte refermée d’un appartement. On ne connaît pas toujours ses voisins. La BD incite le lecteur à l’introspection. Que garde-t-on de son enfance ? Assume-t-on toujours qui on est ? Chaque personnage porte son lot d’interrogations, et une petite pierre à l’édifice de cette BD.

Les dessins sont très bien réalisés et méritent d’être minutieusement observés. Ils portent l’histoire autant que le texte, dans des tons ocres ou gris pas très joyeux mais qui sont au service du récit.

S 3-3La Boîte à bulles, 144 pages, 24€

Roman

« La femme de ménage » de Freida McFadden

9782290391174Si vous aimez les thrillers psychologiques de Ruth Ware, vous allez aimer « La femme de ménage ». Tous les ingrédients pour me tenir en haleine étaient réunis : une jeune femme, Millie, au passé trouble, devient gouvernante chez un riche couple. C’est une opportunité inespérée pour elle, qui peine même à garder un emploi de serveuse. Ici, elle va s’occuper d’une petite fille, faire le ménage, la cuisine.

Mais le job de rêve a ses zones d’ombres : la maîtresse de maison a des sautes d’humeur inexpliquées, la fillette est mal élevée, et la chambre de Millie ressemble à un vieux grenier inhospitalier.

Quant au mari, c’est un homme d’affaires élégant et bienveillant – mais Millie évite de le fréquenter pour ne pas fâcher sa patronne, dont les changements d’humeur sont ravageurs.

Des personnages ambigus, une histoire prometteuse avec plein de non-dits, j’ai accroché à cette histoire dès les premières pages. Le début m’a beaucoup fait penser à « La Clé du sang » ; il y a des ressemblances dans le décor, les personnages. Je ne peux malheureusement pas vous raconter trop de détails sur l’histoire, mais je peux vous dire que ce livre va vous tenir en haleine, vous faire faire mille suppositions peut-être… le mieux est de vous laisser porter (et surprendre!).

S 3-3J’ai lu, 416 pages, 8,60€

Roman

« La mort de Mrs Westaway » de Ruth Ware

9782266308205ORIHarriet Westaway mène une vie difficile. Sans argent, elle vie dans un minuscule appartement sans chauffage que lui a laissé sa mère à son décès. Pour gagner sa vie, elle tire les cartes sur la jetée de la ville de bord de mer où elle habite. Acculée par un créancier, elle ne sait plus comment s’en sortir.

Arrive par la providence un courrier : sa grand-mère, Mrs Westaway, vient de mourir. Harriet doit se rendre sur place, elle est attendue par le notaire. Sauf qu’il y a un hic : la grand-mère d’Harriet est morte depuis longtemps, et cette Mrs Westaway est une inconnue.

J’adore les romans psychologiques de Ruth Ware, je les ai quasiment tous lus. J’ai globalement retrouvé l’ambiance que j’aime bien, des non-dits, des personnages ambigus, un décor propice aux secrets (ici une grande demeure glaciale dont le parc est envahi de pies). Tout cela fonctionne bien. On comprend très vite que la thématique de l’identité sera au coeur de l’intrigue (avec plein de secrets de famille en plus). J’ai tourné un bon moment autour de la solution sans la trouver complètement. Je me suis aussi mélangée dans les prénoms : c’est mon point négatif sur ce roman, je déteste me perdre dans les personnages et cela m’a empêchée de comprendre certains liens entre les personnages.

L’intrigue est moins angoissante et moins prenante que d’autres romans de la même auteure, mais le roman se lit quand même avec plaisir (et j’avais envie d’avoir le fin mot de l’histoire).

S 2-3Pocket, 512 pages, 9,20€

Policier·Roman

« Les fantômes du Finistère » de Jean-Luc Bannalec

9782258204560ORIRetrouver le commissaire Dupin et son équipe de Concarneau est toujours la garantie de passer un bon moment de lecture. Dans cette onzième enquête (déjà!), c’est Labat l’un des fidèles lieutenants de Dupin, qui lance l’histoire : sa tante, une femme âgée mais en pleine forme, rencontre depuis quelques temps les signes mystérieux de la mort autour d’elle – la Bretagne est pleine de légendes, et si la série des « Dupin » reste toujours très rationnelle, elle fait souvent référence aux croyances locales. Dupin, Parisien d’origine, ne croit pas à ces signaux, mais la vieille tante décède pourtant. Et quand Labat se rend sur place, il est victime d’une agression. C’en est trop pour Dupin, qui part sur place, sur la côte des Abers dans le Finistère.

Les enquêtes de Dupin, ce sont aussi toujours de belles cartes postales de la Bretagne. Car si son port d’attache est Concarneau, il rayonne un peu partout en Bretagne et c’est pour moi la moitié du plaisir de lecture de cette série !

Entre observations ornithologiques et culture des pommes, Dupin découvre une autre partie de la Bretagne et son enquête va se révéler à la fois intéressante et intrigante, et m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Les personnages sont toujours différents : cette fois-ci la victime (la tante de Labat) est une riche propriétaire d’une ancienne abbaye, et ses héritiers sont des scientifiques passionnés par les oiseaux, ou de grands industriels locaux (et un policier, donc). Cela donne une galerie de personnages qui nous guident dans plusieurs aspects complémentaires de la Bretagne.

J’ai dévoré cette enquête avec la même gourmandise que celle de Dupin dès qu’il se met à table face à la mer.

S 3-3Les Presses de la cité, 336 pages, 22€

Roman

« Trois vies par semaine » de Michel Bussi

9782266339001ORIJ’attends toujours avec impatience la publication des romans de Michel Bussi – même si maintenant je les attends en version poche… J’aime bien être surprise, être impatiente de passer d’un chapitre à l’autre, et pousser un grand « oh » lors de la révélation finale.

Peut-être avais-je placé trop d’attentes dans « Trois vies par semaine », car j’ai été plutôt déçue…

Le début était pourtant prometteur : un homme est retrouvé mort, et dans sa voiture sont retrouvés trois papiers d’identité, trois visages identiques portant des noms différents… Cet homme menait-il une triple vie ? Et pour quelle raison ?

Malheureusement très vite on comprend les grandes ficelles de l’histoire. Il y a assez peu de rebondissements, et je n’ai pas retrouvé l’ambiance « page turner » que j’adore. Il y a bien une petite révélation de fin de roman, que je n’avais pas vue venir, mais pour le reste ce n’était pas ma meilleure lecture du moment… Il y aussi des personnages assez caricaturaux (les deux frères) qui ne m’ont pas aidée à me laisser porter par l’histoire. Je me suis particulièrement ennuyée pendant les cent dernières pages que j’ai trouvées diluées – alors que cela aurait dû être le moment où je ne pouvais plus lâcher le livre.

S 1-3Pocket, 528 pages, 9,20€

Roman

« Clara lit Proust » de Stéphane Carlier

G08313_ClaraLitProust_CV.inddC’est difficile de lire Proust.

La première fois que j’ai essayé de lire « La Recherche », le livre m’est tombé des mains. J’ai mis des années à y revenir, et parfois il faut savoir prendre des chemins détournés, des adaptations, des hommages, pour découvrir l’œuvre initiale par petites touche et avoir envie de s’y plonger davantage.

« Clara lit Proust » donne envie de lire Proust dans le texte.

Clara est coiffeuse dans un petit salon sans envergure de province. Entre une patronne un peu fantasque et un petit ami pas très investi dans leur relation, on ne peut pas dire que l’entourage de Clara la tire vraiment vers le haut. Jusqu’au jour où l’un des clients du salon oublie un livre en partant. Et pas n’importe quel livre…

Ce roman est un joli hommage à l’œuvre de Marcel Proust, sans prétention, accessible aux lecteurs qui connaissent déjà « La Recherche », autant qu’à ceux qui n’en ont jamais lu une page.

Au passage, l’auteur égratigne un peu notre époque et ses paradoxes, dans quelques phrases savoureuses, dont celle-ci qui a forcément eu de l’écho auprès de la blogueuse littéraire que je suis :

« Elle l’a trouvé charmant, ce livre posé sur le plaid en mohair moutarde qui lui couvrait les jambes […] et en a fait une photo qu’elle a postée sur Instagram […].

Vers dix heures du soir, elle est retournée sur Instagram. Sa photo avait reçu dix « j’aime ». A titre de comparaison, son cliché le plus apprécié, celui du chat réfugié dans le sac de sport de JB avec juste la tête qui dépasse, en a obtenu cent quatre-vingt-treize. »

S 3-3Folio, 224 pages, 8,30€

Policier·Roman

« Drame de pique » de Sophie Hénaff

9782253249498-001-TJ’avais adoré le premier tome de « Poulets grillés », qui m’avait fait beaucoup rire ; mais après le deuxième, puis le troisième qui m’avait laissé un petit goût de déception, je n’aurais pas parié cher sur le fait que je poursuivrais cette série – préférant rester sur ma bonne impression du premier tome, drôle d’histoire de flics « placardisés », bande d’énergumènes qui finalement se complètent bien, et mènent des enquêtes « à leur manière ».

C’est en lisant « Voix d’extinction », une autre série de la même auteure (qui m’a fait beaucoup rire) que je me suis souvenue de la capacité de l’auteure à me faire rire avec des situations décalées, et j’ai donc finalement lu « Drame de pique », le tome 4 de « Poulets grillés ».

Nos flics atypiques sont plus que jamais oubliés de tous… sauf d’un nouveau supérieur, qui fait à Anne Capestan et à son équipe une offre que la cheffe ne peut pas refuser : la possibilité d’être officiellement réintégrés, en échange d’un peit coup de main sur une enquête. Pour eux qui n’ont ni voiture de fonction, ni accès à la police scientifique, ce serait un sacré gain de temps ! Mais l’idée ne plaît pas à tous…

En attendant, l’enquête les mène sur les traces d’un mystérieux agresseur qui pique ses victimes. Tout Paris est en alerte, car les femmes tombent comme des mouches… et certaines en meurent.

J’ai eu l’impression de retrouver une bande de potes, pas vus depuis longtemps mais jamais oubliés, dont j’aurais eu plaisir à prendre des nouvelles. Ils sont tous là, les farfelus, les déprimés, apportant chacun leur pierre à l’édifice de l’enquête. Le décor parisien, et l’appartement cosy qu’ils occupent en guise de commissariat, ajoutent une ambiance spéciale au roman.

L’enquête se complique un peu vers la fin du roman, ce qui n’était pas utile à mon sens – mais j’ai quand même apprécié cette lecture, pour l’ambiance et les personnages avant tout.

S 3-3Le Livre de poche, 384 pages, 8,90€

BD

« Le droit du sol » d’Étienne Davodeau

F00234Cette BD m’attendait depuis des mois et des mois, je ne sais pas dire pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour la lire… A la faveur d’une « pause » entre deux romans, je me suis finalement immergée dans la marche d’Etienne Davodeau (dont je connaissais « Les ignorants », conseillé par une amie blogueuse spécialiste ès BD il y a fort longtemps).

L’objectif de la marche d’Etienne Davodeau est de rejoindre Bure, dans la Meuse, qui fait l’objet d’un projet d’enfouissement de déchets nucléaires. Et puisque le point d’arrivée montrera ce que les humains sont capables d’enfouir de nocif dans le sous-sol, le point de départ de la marche en sera l’exact opposé : un joli site du Lot où les hommes, un jour lointain, ont dessiné dans une caverne…

Le livre est un tout petit peu long à démarrer – disons que c’est un échauffement – mais devient ensuite très intéressant. Au premier niveau, d’abord, avec les réflexions et le quotidien d’un marcheur, ses rencontres, quelques situations qui font sourire. Puis au second niveau, quand on entre dans le fond du sujet et que l’auteur donne la parole à un expert du nucléaire ou à un militant. C’est très pédagogique, assez accessible dans les explications.

Les dessins, en noir et blanc, sont réussis et retranscrivent bien l’ambiance de la randonnée.

N’attendez pas aussi longtemps que moi pour découvrir cette BD !

S 3-3Futuropolis, 216 pages, 25€

Roman

« Le volume du temps (tome 2) » de Solvej Balle

Capture d'écran 2024-05-01 195126Souvenez-vous (mais ne lisez pas la suite si vous n’avez pas fini le premier tome) : le premier tome s’achevait sur un espoir, celui que le 366ème jour du 18 novembre vécu par Tara Selter soit l’occasion que le temps reprenne son cours normal.

Mais le début du deuxième tome (comme on pouvait s’y attendre vu qu’il y a sept tomes annoncés) montre que rien n’a changé. Tara s’est habituée à cette répétition du même jour. Mais elle voudrait ressentir à nouveau la variation des saisons. Elle décide alors de parcourir l’Europe. Dans les pays nordiques, novembre a déjà un goût d’hiver. Tandis qu’en Espagne, le soleil chauffe comme au printemps.

Tout ce tome est consacré à ce voyage d’un pays à l’autre. Ce n’est pas inintéressant, mais j’ai regretté qu’il y ait pas de rebondissements. Seule la toute dernière page offre un revirement inattendu, pour donner envie de lire le troisième. Mais c’est dommage que les rebondissements n’arrivent qu’à la toute fin de chaque tome ! Je trouve le procédé un peu facile et un peu agaçant. Je vais laisser reposer l’histoire de Tara Selter avant le troisième tome, pour voir si j’ai envie de lire la suite. A ce stade, j’ai plutôt peur que l’histoire soit diluée, avec juste une nouvelle piste en fin de chaque tome. Pourtant l’idée de départ était propice à tant de variantes et de rebondissements possibles !

S 2-3Grasset, 288 pages, 19,90€

Roman

« Le volume du temps (tome 1) » de Solvej Balle

Capture d'écran 2024-04-29 222158Première surprise en ouvrant ce livre : je me réjouissais d’avoir acheté d’un coup les deux tomes (pour éviter la pause lecture entre les deux), et je découvre que la série en comptera… sept ! Me voilà prise dans un piège !

L’histoire est celle de Tara, spécialisée avec son mari dans l’achat-vente de livres rares. Alors qu’elle est en déplacement pour affaires un 18 novembres, elle se réveille le lendemain, et comprend qu’elle revit la même journée. Ce thème a déjà été abordé, au cinéma (« Un jour sans fin », entre autres…) ou en littérature (« Replays », entre autres…). Je me demandais quel axe serait pris pour renouveler le genre.

Voyant qu’elle revit encore et encore la même journée, Tara rentre chez elle. Et là, l’auteure a été bien inspirée, car elle évite le piège du personnage incompris : au contraire, le mari de Tara va la soutenir et chercher des réponses avec elle. Malgré tout, lasse de repartir de zéro chaque matin dans ses discussions avec son mari, Tara décide de s’isoler dans une pièce de leur maison…

Le livre est assez court (250 pages avec des marges et des interstices bien larges). Je me demande comment l’histoire va pouvoir s’étendre sur sept tomes… J’attends le twist inattendu, le petit truc qui va faire basculer le roman (dans le fantastique ? ou quoi d’autre?). Je connais mal la littérature fantastique, je n’y vais pas spontanément, mais entre « Blackwater » ou « Les voleurs d’innocence », j’ay ai fait quand même quelques pas…

Le roman s’achève par une nouvelle piste, je suis curieuse de voir si elle sera réellement exploitée dans le deuxième tome. Je vous en dis plus très vite dans une prochaine chronique !

S 2-3Grasset, 252 pages, 18,90€