BD·Biographie

« Simone Veil, l’immortelle » de Bresson et Duphot

Capture d’écran 2023-08-18 132932Dans ma liste de livres à lire « un jour » figure depuis longtemps d’autobiographie de Simone Veil. Mais jusqu’ici je n’ai jamais réussi à me lancer dans cette lecture car la vie de cette femme, incroyable par certains aspects, est aussi marquée d’événements tragiques et en particulier sa déportation en 1944 avec sa mère et sa sœur.

Cette bande dessinée est donc un bon moyen de découvrir son parcours.

Elle s’ouvre sur les débats autour de la légalisation de l’avortement, projet de loi porté par Simone Veil. On y voit Simone Veil, forte, droite, pleine de sang froid face aux insultes qui sont proférées à son encontre.

Pour comprendre cette femme, les auteurs retracent en parallèle son enfance dans une famille aimante, son adolescence studieuse et déjà rebelle, puis l’horreur des camps.

Je n’ai pas appris grand-chose sur la vie de Simone Veil, la plupart des grands événements de sa vie ayant souvent été rapportés dans des documentaires. Mais le récit est clair et bien amené, et j’ai apprécié le travail sur les dessins, très réalistes (on reconnaît bien tous les personnages connus, Simone Veil bien sûr mais aussi Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, etc). Le jeu sur les couleurs est aussi très pertinent, et permet par un code couleur simple de suivre plusieurs temporalités en parallèle et en donnant le juste rythme aux flash-back.

C’est un livre intéressant, poignant, à lire et à faire lire pour découvrir celle qu’on appelait alors Madame « le » ministre. Que de chemin parcouru…

S 3-3Marabulles, 22,95€

BD

« La couleur des choses » de Martin Panchaud

arton231-a8cb0Feuilleter ce livre m’a tout de suite envie de le lire. Quel était donc cet étrange objet littéraire non identifié, ni roman, ni bande dessinée, ni vraiment roman graphique… inclassable, quoi. Une preuve ? Les personnages sont… des ronds.

Un rond pour Simon, un rond pour sa mère, pour son père, un rond pour les ado qui zonent dans le parc…

Le concept est très original, car basé sur le graphique. Tout en n’incarnant jamais les personnages, on les distingue bien, on suit facilement leurs aventures. Ne vous fiez pas au côté ludique de l’approche, ni aux couleurs gaies de la couverture : l’histoire est sombre (je ne m’y attendais pas, je n’avais pas lu le résumé). J’ai même failli reposer le livre ! Mais j’aurais eu tort car le concept mérite d’être suivi jusqu’au bout. Il y a quelques très bonnes trouvailles visuelles, et en tout cas ce livre ne ressemble à rien de ce que j’avais lu jusqu’ici. Il a reçu le Fauve d’or à Angoulême cette année, et c’est mérité.

S 3-3Ed. çà et là, 236 pages, 24€

BD

« Peau d’homme » de Hubert et Zanzim

9782344010648-001-TRenaissance. Bianca va bientôt se marier, mais elle déplore de ne rien connaître de son futur époux. Sa marraine lui confie alors un secret : depuis des générations, les femmes de la famille se transmettent une peau d’homme. En enfilant cette peau, une femme peut se faire passer pour un homme. Bianca décide de s’en servir pour infiltrer le quotidien de son futur mari, et ainsi mieux le connaître.

Les dessins sont bien faits, les pages pleines de rythme (avec même parfois plusieurs actions dessinées sur une même vignette en pleine page).

L’histoire s’empare des qualificatifs que l’on attribue / attribuait traditionnellement aux femmes ou aux hommes, et les démonte un par un, en apportant des arguments par les situations vécues. Le propos est donc complètement dans l’air du temps, l’histoire aurait presque pu être transposée telle quelle de nos jours.

Sans être trop moralisatrice, la BD aborde plein de sujets, tout en montrant que si l’on accepte de sortir un peu du cadre et de ne pas chercher à reproduire à tout prix les modèles de la société, il est possible de trouver des voies où chacun peut être heureux sans nuire au bonheur de l’autre sexe.

S 3-3Glénat, 27€

Manga

« Spy x Family 1 » de Tatsuya Endo

Spy-x-FamilyJ’avais vu des affiches sur la série adaptée de ces mangas ; c’est ce qui m’a donné envie de découvrir la version livre.

Twilight est un espion, dont la prochaine mission nécessite d’infiltrer une très select école, où est scolarisé l’enfant de celui qu’il doit espionner. Pour y parvenir, il décide d’adopter une petite fille, qu’il inscrira dans cette école. Et pour faire bonne impression, il se choisit aussi une jolie jeune femme, élégante et discrète.

Ce que Twilight ignore, c’est que la petite fille lit dans les pensées, et que sa nouvelle épouse est en réalité une tueuse à gages !

Le point de départ est original, et le traitement de l’histoire est réussi, avec des scènes drôles et cocasses. La petite fille, Anya, est toute mignonne, et elle a le « beau  rôle » dans ce trio, puisque sa télépathie va l’aider à sauver certaines situations – mais aussi provoquer des quiproquos. Le personnage de Yor Briar, la femme de Twilight, est aussi très bien fait, mélange d’élégance et de détermination. La série commence bien !

S 3-3Kurokawa, 6,90€

Manga

«Le maître des livres 2 » de Umiharu Shinoara

maitre2Ce deuxième tome est la parfaite continuité du premier.

D’ailleurs il commence au chapitre 10 !

On retrouve tout d’abord Myamoto, qu’une jolie mère de famille esseulée tente de séduire à tout prix… ce qui déplaît forcément à Mizuho, la timide bibliothécaire. Car bien sûr, toutes les histoires des personnages convergent à un moment ou à un autre vers cette bibliothèque pour enfants, où règne en maître ès littérature enfantine le taciturne Mikoshiba. Ce deuxième tome s’appuie moins sur des références de livres, et fait la part belle aux histoires personnelles des personnages. La bibliothèque reste le lieu central de l’histoire, et j’aime beaucoup cette idée qu’un lieu aussi feutré – et parfois impressionnant – puisse à ce point être un lieu de vie, où se croisent des personnes très différentes, qui viennent parfois pour chercher un livre, mais parfois aussi pour une raison qui n’a rien à voir avec la lecture ! Moi qui cherchais un manga accessible et à la thématique positive, me voilà servie car cette série est faite pour les amateurs de livres ! En plus les dessins sont très bien faits, expressifs, clairs.

Ma seule hésitation à poursuivre avec le prochain tome est qu’il y a 15 tomes dans cette série, et je ne suis pas sûre de vouloir lire tout ça… La série n’est pas toute récente (le dernier tome est sorti il y a six ans au Japon), mais elle est intemporelle car elle se passe dans une bibliothèque et n’a quasiment aucune référence à notre société contemporaine.

C’est une très belle série, je vous la recommande vivement !

S 3-3Komikku Editions, 8,50€

Manga

«Le maître des livres 1 » de Umiharu Shinoara

maitre1Quand Myamoto entre dans la bibliothèque de « La Rose trémière », c’est tout un univers qu’il y découvre : il y a cette maman surprotectrice qui y passe des heures avec son fils, des enfants, deux jeunes filles charmantes qui y sont employées. Mais surtout, il y fait la connaissance de Mikoshiba – le personnage central de l’histoire. C’est lui, le « maître des livres ».

Mikoshiba est un bibliothécaire acariâtre mais passionné par les livres. Il est aussi un parfait conseiller, qui sait répondre à toutes les demandes.

Les premiers chapitres sont consacrés à la découverte de certaines œuvres classiques, comme « L’île au trésor » ou « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ». J’ai d’ailleurs cru au début que tout le livre serait construit ainsi, 1 chapitre pour 1 classique – ce qui aurait pu être lassant. Heureusement il y a aussi des histoires annexes, quand la vie s’invite à la bibliothèque.

Je ne suis pas familière des mangas ; j’en avais déjà lu quelques uns qui m’avaient laissé de bons souvenirs. J’avais envie de réessayer une lecture de ce genre. Je pensais être gênée par le sens de lecture car je manque d’entraînement, mais finalement la lecture s’est faite facilement. L’histoire plaira forcément à tous ceux qui aiment les livres, et en particulier à ceux qui fréquentent les bibliothèques.

La série compte quinze tomes. A ce stade, je n’envisage pas de tous les lire, mais je me demande comment sera construit le deuxième. A suivre…

S 3-3Komikku Editions, 8,50€

BD·Policier

«Poirot joue le jeu», adaptation BD par Marek d’après Agatha Christie

poirot joueDans cette collection éclectique d’adaptations en BD de romans d’Agatha Christie, celle-ci est l’une des meilleures. On retrouve tous les « codes » du roman d’Agatha Christie (des fausses pistes aussi nombreuses que les personnages) dans une version joliment dessinée et aussi claire dans les illustrations que dans le texte. Ainsi, même si le lecteur peut soupçonner plusieurs personnages au fil de sa lecture, il progresse pas à pas ; les noms ou fonctions des personnages sont rappelés autant que nécessaire pour ne pas tout mélanger.

Dans cette enquête, Poirot a été appelé par Mrs Oliver, une célèbre romancière. A l’occasion d’une fête donnée dans une riche demeure, elle organise une « murder party », une fausse enquête policière que devront résoudre les invités. Or Mrs Oliver s’inquiète, elle pressent que cette « murder party » donnera lieu à un drame bien réel. Ce qui, évidemment, va se réaliser…

Ici Poirot est assez discret, il ne parle même pas de ses petites cellules grises… Pour le reste, la BD est très fidèle à l’esprit des romans d’Agatha Christie. J’ai passé un très bon moment de lecture ; dans la collection, je vous conseille spécialement cette BD-là.

S 3-3Ed Paquet, 64 pages, 16,50€

BD

« Drame en trois actes », adaptation en BD par Frédéric Brémaud et Alberto Zanon, d’après Agatha Christie

couv_9782889322411_1_0Cette série d’adaptations en BD de l’oeuvre d’Agatha Christie est originale ; car en faisant appel à des scénaristes et des dessinateurs différents, elle propose des adaptations aux ambiances variées. Dans « Drame en trois actes », la couverture est assez sombre, et le personnage d’Hercule Poirot ne ressemble pas tout à fait aux dessins de l’intérieur, ce qui est un peu étrange. A noter aussi, le choix du clap de cinéma, alors que les « trois actes » du titre sont évidemment une référence théâtrale plus que cinématographique…

Passées ces considérations sur la couverture, le début de la BD est un peu complexe, avec comme toujours chez Agatha Christie une multitude de personnages invités à une soirée dans laquelle un homme, un révérend sans histoire et sans richesse, meurt brutalement. J’ai redouté de me perdre parmi les personnages, mais la fin de la BD est très bien faite, et prend le temps de poser le dénouement – c’est appréciable d’avoir un dénouement bien travaillé, pas trop expéditif, et qui permet de remettre chaque pièce du puzzle à sa place.

S 3-3Ed Paquet, 64 pages, 16€

BD

« Mort sur le Nil », adaptation BD par Isabelle Bottier et Callixte, d’après Agatha Christie

nilJ’ai lu ce classique d’Agatha Christie il y a bien longtemps, et j’en avais oublié l’histoire. Sans doute est-ce d’avoir entendu parler de la nouvelle adaptation cinématographique il y a quelques mois qui m’a donné envie de lire cette BD – j’en ai déjà lu plusieurs dans cette collection.

Poirot est en voyage en Egypte, et lors d’une croisière, une femme est retrouvée morte. C’est une riche héritière, jeune mariée, et les suspects ne manquent pas : sa meilleure amie, à qui elle a volé son fiancé ; son homme d’affaires ; ceux que son père a ruiné et tant d’autres encore.

Il y a beaucoup de personnages, comme souvent chez Agatha Christie, à tel point que je n’ai pas osé refermé la BD avant la fin, de peur d’avoir oublié certains personnages le lendemain. Le traitement de l’histoire en dessin apporte sans doute plus d’indices au lecteur que le roman initial, néanmoins il est possible que vous partiez sur une fausse piste – elles ne manquent pas.

J’aurais aimé quelques grandes planches supplémentaires autour de l’Egypte – dans l’esprit de la couverture que je trouve magnifique. Quelques pages supplémentaires, justement pour ne pas passer trop vite sur les fausses pistes, auraient été bienvenues pour moi. Malgré ces petites réserves, c’est une bonne adaptation, agréable à lire et à regarder. Poirot est très discret, seules deux scènes mettent vraiment en avant ses spécificités (quand il rassemble ses idées pour ses « petites cellules grises » et quand il réunit tous les protagonistes pour le dénouement).

S 2-3Editions Paquet, 16,50€

BD

« La vraie vie d’Agatha Christie » d’Anne Martinetti, Guillaume Lebeau, Alexandre Franc

AgathaCPNGAprès avoir lu plusieurs BD adaptées des romans d’Agatha Christie, je me suis tournée vers cette BD qui est une biographie de l’auteure.

On y découvre une Agatha tourmentée, qui rêve de liberté et qui semble trouver pesante la célébrité de ses personnages. Hercule Poirot, en particulier, est présenté comme un personnage envahissant, présent auprès de l’auteure un peu comme un miroir de sa conscience, et plutôt mal-aimé par sa créatrice.

Le dessin est agréable ; la narration perturbe un peu au début, car elle n’est pas linéaire mais fait se succéder une série de moments clés dans la vie d’Agatha Christie. Le lecteur découvre des moments de sa vie très liés à ce qu’elle en a raconté dans ses romans ou pièces de théâtre.

La BD laisse un sentiment mitigé, autour d’une femme décrite comme pas vraiment heureuse – ou en tout cas en quête perpétuelle de quelque chose (la liberté?).

S 3-3Marabulles