Policier

«Amour entre adultes» de Anna Ekberg

amour entre adultesPassons sur le titre, « Amour entre adultes », qui laisse présager soit un nouveau « 50 nuances de Grey », soit une mauvaise bluette. Que les choses soient claires, il s’agit bien d’un thriller psychologique.

Si vous trouvez la couverture jolie (ce qui est mon cas), sachez qu’elle n’a rien à voir avec l’histoire. Ne vous attendez pas à lire un roman sur l’Amérique des années 1970 ; on part dans les fjords danois de nos jours.

Une fois ces précisions faites, nous pouvons entrer dans le vif du sujet !

L’histoire commence par une scène où une femme est renversée volontairement par son mari. « Salope » est d’ailleurs l’incipit du roman. Que s’est-il passé dans ce couple modèle pour que le mari en arrive à une telle extrémité ? Là réside l’enjeu du roman… mais pas seulement.

Pour qu’un thriller soit efficace, il ne faut pas en savoir trop à l’avance. Donc je ne vous dirai rien de plus sur l’histoire. Sachez seulement qu’il y aura des rebondissements, des situations incroyables, et que vous pousserez des « oh » d’étonnement. Ce n’est pas un récit « haletant » comme un page turner, je ne peux pas dire qu’il y ait vraiment du suspense, mais le récit est tellement bien mené que le lecteur se fait surprendre au moment où il s’y attend le moins. C’est un thriller psychologique comme je les aime !

S 3-3Le Cherche Midi, 480 pages, 22€

Policier

«Et le mal viendra» de Jérôme Camut et Nathalie Hug

mal viendra

« Puisqu’il n’est pas acceptable de laisser mourir de soif chaque jour six mille petits Africains, on vous a demandé d’agir. Vous n’avez pas voulu entendre.

On vous a alertés sur la valeur inestimable de l’eau, vous n’avez pas voulu voir.

[…]

Va-t-il falloir que l’on entasse six mille cadavres d’enfants devant vos portes pour que vous réagissiez enfin ? »

Il y a des livres pour lesquels il est facile de dire « j’ai aimé » / « je n’ai pas aimé ». D’avoir un avis tranché. De répondre avec conviction.

Et puis il y a des livres comme celui-là, où la question n’est pas de savoir si on a « aimé » ou « pas aimé », mais s’ils nous ont fait réfléchir.

Ce livre, assurément, m’a fait réfléchir.

La question de fond de ce roman est celle de la violence légitime. Quand six mille enfants meurent chaque jour faute d’accès à l’eau potable ; quand les ONG, les hommes et les femmes engagées, les penseurs, les scientifiques, les lanceurs d’alerte, ne trouvent pas de réponse à leurs cris d’alarme, faut-il user des armes ultimes pour se faire entendre ?

Aussi passionnant que dérangeant, ce roman retrace l’engagement de Morgan Scali, lui-même victime du terrorisme, et ses méthodes extrêmes pour alerter le monde occidental sur une situation dramatique.

Il est question d’engagement humanitaire et de terrorisme, d’intelligence artificielle et de finance, de famille et d’individualisme.

L’histoire est hélas très complexe, j’ai fini par renoncer à décrypter tous les liens entre les personnages tant ils sont multiples et compliqués. Dommage. En revanche il y a des passages très forts sur les raisons d’un engagement, et sur la nécessaire prise de conscience de sociétés trop centrées sur elles-mêmes.

S 2-3Fleuve éditions, 560 pages, 19,90€

Cosy mystery·Policier

«Agatha Raisin enquête (tome15) : Bal fatal» de M.C.Beaton

Agatha t15 balCe quinzième tome des enquêtes d’Agatha Raisin marque un tournant dans la série. Finies les enquêtes dans les pas de la police : Agatha lance sa propre agence de détective. Finies aussi les amours avec les voisins successifs du cottage d’à côté : c’est Emma Comfrey, une fonctionnaire à la retraite, qui s’y est installée.

Agatha embauche Emma dans son agence, ainsi que Miss Simms (déjà croisée dans d’autres tomes, et dont on se demande pourquoi elle réapparaît ainsi). La voilà chef d’entreprise ! Elle est consultée pour des adultères et des disparitions de chats et de chiens, mais sa première enquête sérieuse porte sur une tentative de meurtre sur une jeune femme lors d’une fête.

Que les adeptes de la série se rassurent, on croise encore Charles le baronnet, Roy le londonien, ou encore Mrs Bloxby la femme du pasteur. Agatha est plus pro que jamais, capable de sauver dans un avion pour rejoindre Paris dans l’instant, et toujours plus habile dans ses analyses de personnalités.

Je suis restée en terrain connu dans ce tome, et pourtant j’ai l’impression qu’une page a été tournée, qui permet de relancer la série et de faire qu’au bout de quinze tomes (déjà!), le plaisir de lecture de cette série ne s’essouffle pas.

S 3-3Albin Michel, 14€

Cosy mystery·Policier

«Agatha Raisin enquête (tome 14) : Gare aux fantômes» de M.C. Beaton

agatha t14 fantômesEncore un nouveau voisin pour Agatha Raisin ! Cette fois-ci, il s’appelle Paul et est consultant en informatique. Si Agatha voulait se tenir éloignée de lui, elle ne peut pas résister à l’envie de participer avec lui à une chasse aux fantômes chez une vieille dame qui se plaint d’événements étranges dans sa maison.

Des phénomènes surnaturels ? Il en faudrait plus pour faire peur à Agatha Raisin ! Mais quand la vieille dame est retrouvée morte dans des conditions qui ne paraissent pas naturelles, alors Agatha et Paul démarrent une « vraie » enquête, avec des recherches dignes du Club des cinq, maison hantée et souterrains cachés inclus.

Quel plaisir de retrouver dans ce quatorzième tome Agatha et ses paradoxes, elle qui décongèle des plats préparés sans savoir ce qu’elle mange, mais nourrit ses chats de poisson frais.

L’auteur a une capacité assez amusante à se débarrasser des personnages masculins : balayés, les anciens voisins ! Place à Paul – même si je finirai pas confondre tous ces Watson qui ne sont que des faire-valoir. L’intrigue se dévore avec plaisir et le livre s’achève sur un rebondissement qui donne envie de courir lire le prochain !

S 3-3Albin Michel, 14€

Policier

«Les disparus de Trégastel» de Jean-Luc Bannalec

C’est inédit : le commissaire Dupin part en vacances ! Mais c’est en réalité contraint et forcé par sa compagne Claire qu’il a dû délaisser le temps de deux semaines son commissariat de Concarneau. D’ailleurs, même sa fidèle assistante Nolwenn refuse de lui parler du travail pendant ses congés : repos total imposé ! Sauf que ce n’est pas… Lire la suite «Les disparus de Trégastel» de Jean-Luc Bannalec

Policier

«L’inconnu de Port Bélon» de Jean-Luc Bannalec

port belonJe suis depuis plusieurs années les aventures du Commissaire Dupin, parisien muté pour une raison non dévoilée en Bretagne, où il apprend progressivement les us et coutumes de la région. Il manquait à mes lectures le quatrième tome de la série, « L’inconnu de Port Bélon ». Comme l’ordre importe peu dans la lecture de cette série, il n’était pas trop tard pour combler mon retard, ce qui fut chose faite à l’occasion du Salon du livre de Paris.

Cette mise au point chronologique étant faite, passons à l’histoire. Le Commissaire Dupin, qui officie donc maintenant au commissariat de Concarneau, est informé de faits étranges : un corps a été retrouvé par une passante, qui l’a cru mort, mais le mort en question a mystérieusement disparu. Etait-il vraiment décédé ? Ou bien le corps a-t-il été déplacé ? Les éléments sont maigres pour ouvrir une enquête. Sauf qu’un autre corps, cette fois-ci bel et bien celui d’un homme décédé, est retrouvé peu après. Le témoignage de la promeneuse, une vieille dame fantasque et célèbre, est-il crédible ? Elle revient trop souvent sur ses déclarations pour qu’on leur accorde le moindre crédit, mais Dupin est charmé par sa personne.

Dès les premières pages, j’ai retrouvé l’ambiance que j’aime dans cette série, écrite par un Allemand tombé amoureux de la Bretagne, et qui transmet son amour à ses lecteurs à travers les aventures de Dupin – lui-même, nouvel arrivant dans la région, faisant office de touriste qui s’émerveille et apprivoise les habitudes locales. Chaque tome de la série a son propre univers (la plongée, les marais salants, ici l’ostréiculture), tout en ayant une cohérence d’ensemble. Les personnages sont attachants (les inspecteurs de Dupin, sa compagne, et sa fidèle assistante Nolwenn) et créent autour de Dupin un microcosme breton que l’on rejoint comme on retrouverait une bande de potes pour un séjour au bord de la mer.

Seul petit bémol sur cet opus, je me suis égarée un temps entre plusieurs personnages, et j’ai perdu le fil ou du moins certains liens entre les personnages. J’ai dû passer à côté de certaines facettes permettant de tout saisir à la résolution de l’énigme. C’est un peu dommage, mais l’essentiel était ailleurs.

S 2-3Presses de la cité, 464 pages, 21€

Policier

«Échec à la Reine» de Valérie Valeix

« Un polar écologique » : voilà comment étaient présentés les romans de Valérie Valeix au Salon du livre de Paris 2019. Si cela a suffi à aiguiser ma curiosité, l’auteur elle-même attire le regard, car elle arbore autour du cou un gros collier d’abeilles dorées, complété par des broches elles-aussi en forme d’abeilles. Valérie Valeix est à… Lire la suite «Échec à la Reine» de Valérie Valeix

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«Le secret des Enfants-Rouges» de Claude Izner

enfants rougesQuatrième tome de la série, « Le secret des Enfants-Rouges » installe les personnages récurrents des sœurs Izner dans une évolution continue (et finalement assez rapide). Victor Legris, libraire, s’est installé avec Tasha, une peintre dont il est profondément amoureux ; sa demi-sœur Iris s’est installée avec Kenji, l’associé de Victor à la librairie ; et Joseph le commis roucoule d’amour devant Iris – et ce tome s’avère un tournant dans les liens entre ces différents personnages. Le microcosme qui gravite autour de la librairie parisienne de la rue des Saints-Pères gagne en épaisseur ; le lecteur connaît bien maintenant les personnages et leurs gentils défauts.

Cette fois-ci, c’est un cambriolage dans l’appartement de Kenji qui occupe nos limiers amateurs. Une mystérieuse coupe, dont Kenji venait d’hériter, a disparu. Kenki, Victor et Joseph vont unir leurs forces pour mener l’enquête, qui se révèle être une véritable épopée dans Paris. L’intrigue est plus complexe, moins fluide que dans les trois précédents tomes. Mais j’ai apprécié retrouvé dans ma lecture ces personnages charmants, que les auteurs font progresser de tome en tome.

S 2-310-18

Cosy mystery·Policier

«Meurtres en majuscules» de Sophie Hannah

meurtres majusculesCurieuse de découvrir sous quelle forme Sophie Hannah avait redonné vie au détective héros d’Agatha Christie, le célèbre Hercule Poirot, j’ai lu récemment « La mort a ses raisons ». Il s’agissait de la deuxième aventure d’Hercule Poirot dans sa « nouvelle vie ». Le roman m’avait vraiment séduite, j’ai donc décidé de reprendre la lecture dans l’ordre avec « Meurtres en majuscules » qui est en fait la première aventure d’Hercule Poirot écrite par Sophie Hannah.

Ma première impression est que j’ai bien fait de ne pas commencer par cet opus-là, car je n’aurais sans doute pas continué avec d’autres tomes.

Le roman, pourtant, n’est pas si mauvais, et les fans d’Hercule Poirot retrouveront avec plaisir les petits travers de leur détective belge favori. Rien ne manque dans le portrait : son style tiré à quatre épingles, sa critique à peine voilée du tempérament anglais, sa manie pour l’ordre, son narcissisme…

Le déroulé de l’histoire est aussi digne d’une suite aux épisodes écrits par Agatha Christie elle-même : trois meurtres ont été commis à l’hôtel Bloxham, trois meurtres mis en scène avec une précision diabolique. Mais personne ne s’explique comment le meurtrier a agi, ni comment il a pu s’échapper incognito de l’hôtel. Hercule Poirot, qui profitait pourtant d’un repos bien mérité et nécessaire pour recharger ses petites cellules grises, se trouve rapidement embarqué dans l’histoire. Tout d’abord parce que l’enquêteur chargé de résoudre ces crimes n’est autres que Catchpool, qui habite la même pension que lui ; et ensuite parce qu’il a été interpellé dans un café par une jeune femme qui se sent en danger de mort – et Poirot, faisant appel à sa célèbre intuition, perçoit déjà un lien entre son appel à l’aide et les meurtres qui viennent d’être commis à l’hôtel.

Ce qui m’a gênée, ce sont les longs passages d’explications sur ce qui s’est passé. Poirot, naturellement, explore de multiples pistes en faisant tourner en bourrique le pauvre Catchpool dont les cellules grises ne fonctionnent pas aussi vite que celles du détective. Mais cette partie d’explication, indispensable au dénouement dans un « Hercule Poirot », commence presque dès la moitié du livre, avec des apports d’éléments totalement inconnus du lecteur. A de multiples reprises, Poirot « devine » plus qu’il ne « déduit », et j’ai trouvé cela assez frustrant pour le lecteur, ayant la sensation de ne pas avoir toutes les cartes en main pour jouer avec le détective !

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire ces nouvelles aventures de Poirot, je vous conseille donc de commencer par « La mort a ses raisons », plus plaisant et moins poussif que celui-ci.

S 2-3Le Livre de poche, 408 pages, 7,90€

Policier

«37 fois» de Christopher J. Yates

37 foisLa couverture, tout d’abord, intrigue : sombre et mettant en avant une corde qui va jusqu’à cacher partiellement le titre du livre – titre, qui, d’ailleurs, intrigue tout autant, bref et avec ce chiffre qui prend toute la place « 37 ».

Mais si le contenu à l’intérieur est sombre, il est surtout psychologique et mené de main de maître par un auteur qui sait étonner le lecteur.

L’histoire, donc. Patrick, Matthew et Hannah sont camarades, mais lors d’un après-midi pas comme les autres, leurs vies se retrouvent liées par un drame incompréhensible. Matthew a grièvement blessé Hannah, avec fureur, avec cruauté. Et Patrick, qui était à côté, n’est pas intervenu.

Pourtant quand on les retrouve une vingtaine d’année plus tard, Hannah et Patrick sont mariés. Elle, est devenue journaliste ; lui, au chômage, rêve d’ouvrir son restaurant et anime en attendant un blog culinaire à succès. Mais le passé finit toujours par remonter à la surface – surtout dans les romans noirs – et le quotidien bien ordonné de Patrick et Hannah ne va pas résister au séisme.

Aux premiers chapitres, je me demandais où l’auteur voulait en venir. Connaissant le drame et les coupables dès les premières pages, je me demandais ce qui allait bien pouvoir nourrir un roman de 400 pages. C’était sans compter le talent de l’auteur et son art de promener l’air de rien le lecteur tour à tour dans un quotidien banal ou dans les plus misérables tréfonds de l’âme humaine. C’est bien construit, plutôt malin, et vous n’aurez les clés de l’histoire qu’à la fin du roman. Voilà un polar qui fonctionne bien, jusqu’aux dernières pages.

S 3-3Cherche Midi, 416 pages, 22€